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Cyril Lemoine : "Le vélo, c'est la liberté"

Cyril Lemoine : « Le vélo, c’est la liberté »

 

La commune de Rochecorbon est traversée cette année par le Tour de France comme d’autres villes et villages de Touraine. Sauf qu’à un détail près, c’est la seule commune à fournir un cycliste dans le peloton pour le Tour : Cyril Lemoine. Habitant à Rochecorbon, il tient particulièrement à profiter de ce moment unique : participer au Tour de France qui passe « juste à côté de la maison ». Le coureur de l’équipe B&B Hôtel p/b KTM va disputer son 7ème tour de France, faisant de lui un fier ambassadeur de la Touraine. Juste après avoir fini son étape au Tour de Belgique, Cyril a pris le temps de nous parler de son rapport au vélo, à la Touraine et surtout au Tour de France.

 

 

Peux-tu retracer ton parcours ?

 

J’ai commencé le vélo à l’âge de 5 ans et demi au club de l’US Saint-Pierre-des-Corps, donc vraiment tout jeune. J’ai évolué au club de Saint-Cyr-sur-Loire pour ensuite partir au club de Lucé-Châteauroux, ville arrivée de la 6ème étape du Tour de France. Après, je suis rentré dans le milieu des professionnels au Crédit Agricole, puis j’ai rejoint l’équipe hollandaise Shimano, les équipes françaises Sojasun, Cofidis et depuis cette année je suis à B&B Hôtel p/b KTM. 

 

À Saint-Cyr, tu as couru avec un autre cycliste professionnel : Jérémy Roy ?

 

Oui, exactement, on était ensemble, on était coéquipiers. On a le même âge, je cours avec lui depuis tout petit. On s’est « tiré la bourre » pendant de bonnes années ensemble. Ça a été mon compagnon d’entraînement quand on roulait ensemble en Touraine. Mais il était difficile de se retrouver car nous avons un profil différent. Il était envoyé sur des courses faites pour les grimpeurs alors que moi, j’allais plus sur celles pour les rouleurs. Donc oui, selon nos plannings de course on allait courir ensemble quand on avait un moment.

 

Pour le Tour de France, ton objectif est d’accompagner au mieux Brian Coquard, le leader de l’équipe ?

 

Oui tout à fait, l’objectif est d’épauler Brian car c’est celui qui a le plus de chances de ramener une victoire d’étape au sprint. Après, on a quand même des grimpeurs qui peuvent tirer leur épingle du jeu sur une étape de baroudeur ou de montagne. Mais on a plus de chances de ramener une étape avec Brian tout de même. Je pense que l’équipe va axer l’équipe pour lui, pour le mettre dans les meilleures conditions pour le sprint*.

 

*L’interview a été réalisé avant l’annonce de l’équipe B&B Hôtel p/b KTM pour le Tour de France

 

Le Tour passe par Rochecorbon, qu’est-ce que cela représente pour toi ?

 

C’est sûr que c’est super que le Tour de France passe juste à côté de la maison. Ce n’est pas tous les jours que le Tour passe vraiment à côté. J’aurais des supporters, des connaissances qui seront là pour m’encourager. J’ai hâte et puis j’espère faire briller les couleurs du département. C’est toujours un moment sympathique, en plus cela fait du bien mentalement de voir des personnes qu’on connaît dans cette course qui dure 3 semaines, où l’on est dans notre bulle.

 

 

 

Qu’est-ce que cela représente de courir en Touraine ?

 

La Touraine, c’est vraiment chouette, je vais être un peu chauvin mais j’aime bien rouler dans les vignes, passer dans les châteaux. Après, il y a eu plus d’aménagement pour le vélo avec la Loire à vélo, qui est très sympathique. Le vélo a un côté écologique qui plaît et il faut continuer à le privilégier pour faire des petits trajets comme pour aller faire quelques courses. Je trouve cela très agréable que les gens en prennent conscience, c’est en bonne voie.

 

Tu as fait le Tour de France 2013 qui passait à Tours, comment c’était ?

 

J’étais content, ça arrivait à la maison encore. J’étais tout de même déçu car j’ai été pris dans une chute à la fin donc je n’ai pas pu faire ce que je voulais, à savoir disputer le sprint. J’avais quand même mes amis et ma famille qui m’attendaient à l’arrivée, donc très content. Même si c’était un passage éclair puisqu’on devait prendre le bus dans la foulée pour privilégier la récupération : les massages, le dîner et rapidement au lit. Mais cela faisait du bien de les voir, même 5 minutes.

 

Quel est ton rapport avec le Tour de France ?

 

On va dire que mon premier Tour de France a été très dur. Je ne suis pas arrivé dans les meilleures conditions mais j’ai tout de même eu des bons résultats. Je pars du principe que c’est la plus belle course au monde et qu’il faut être complétement apte physiquement pour la faire. C’est quand même trois semaines où bien sûr il y a du plaisir mais aussi de la souffrance. Si l’on n’est pas à 100%, ce n’est pas la peine de prendre le départ. Quand on ne l’a jamais fait, on veut absolument le faire. Mais après l’avoir fait une ou deux fois, on sait à quoi s’attendre. Ce n’est pas toujours une partie de plaisir. Si on ne peut pas peser sur la course et être inutile pour ses coéquipiers, en soi on termine le tour avec des regrets. Donc il faut être au top physiquement car le Tour de France, c’est quand même ingrat.

 

Le vélo, au-delà du fait que ce soit ton métier, qu’est-ce que cela représente pour toi ?

 

Le vélo, c’est la liberté. J’ai toujours besoin d’aller faire un tour de vélo, cela permet de se vider la tête parfois. On pense à plein de choses quand on est sur son vélo, cela nous permet de réfléchir aussi. Parfois, je sais que si j’ai envie d’aller à tel endroit, je peux. C’est un côté découverte, liberté, on fait ce qu’on veut. Il y a aussi le goût de l’effort que j’aime bien. Il y a sentiment d’apaisement.

 

Tu as des idées pour l’après-carrière ? Jouer un rôle dans le cyclisme en local ?

 

Franchement, j’en ai aucune idée. Après, pourquoi pas parfois, aider mon club de Saint-Pierre-des-Corps pour encadrer les jeunes aux entraînements. Ça me plairait de leur apporter mon expérience et de leur donner des conseils. Je pense qu’on pousse un peu trop les jeunes et ils peuvent parfois être un peu dégoûté du vélo. Je pense que ça peut être une occupation annexe à faire.

 

 

Enfin, ton pronostic pour l’étape Tours-Châteauroux ?

 

Et bien on va dire une victoire de Brian Coquard. Je souhaite qu’on décroche une victoire et si on peut la décrocher là, ça serait libérateur. Brian est en forme et je pense qu’il peut réaliser de bonnes choses. Mais il y a du beau monde avec Démare, Bennett, Ewan... sa victoire sera d’autant plus belle !

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